Long Is The Way

Une petite île, 200 km à l’est de la péninsule… on rêvait de cette île, de la nature sauvage, de la solitude…
On en rêvait… sauf que… on n’a pas eu exactement ce dont on rêvait !

L’île est absolument envahie, saturée de touristes ! Et pas n’importe lesquels : le tourisme de masse d’ajummas déchainées et bruyantes. Heu… en conséquence, le calme et la solitude, on n’a pas vraiment pu y gouter !

Une fois encore j’exagère, on a réussi à s’échapper de la tourmente en se faisant une ballade matinale sur un sentier très peu populaire. On s’en est pris plein les yeux. Magnifique. Forêt de bambous, sentier de marche le long de la côte, au milieu des rochers, humant le sel et le vent des mers… enfin, étape ultime, dans un populaire petit resto local. On a déjeuné avec les ouvriers du coin… plutôt flattés qu’on choisisse le resto où ils viennent tous les jours !

On ne peut pas les louper en Corée… Elles évoluent en groupe, habillées de tenues flashy, développant un niveau sonore survolté, les cheveux permanentés, relevés grâce à une visière qui les protège du soleil… Ceux qui connaissent la Corée savent de qui je parle… Je parle des ajummas.

Définition de l’ajumma :
Femme de plus de 60 ans, libérée des ennuis/contraintes/rudesses de la vie familiale et professionnelle d’une Corée d’un autre temps. En plein révolution féminine.

Les jeunes générations parlent avec humour de fléau. Mais ce comportement s’explique largement. C’est en quelque sorte le passage d’une société qui était pauvre, macho et dictatoriale il y a encore quelques décennies et qui s’est lancée corps et âme sur la voie de la richesse, de la modernité, de la démocratie.

Il faut rappeler que dans les années 1970, la Corée du Sud avait un PIB comparable aux pays les plus pauvres d’Afrique ou d’Asie… alors qu’aujourd’hui, la Corée est la 9ème puissance mondiale ! Une évolution économique si rapide laisse des marques et surtout, la société ne peut pas assumer tant de changements de mœurs en si peu de temps.
Bien sûr, vous vous en doutez, toutes les femmes de plus de 60 ans ne sont pas comme ça, j’exagère un peu… mais on en trouve pas mal, voilà tout !

Il faut donc être préparé à des « phénomènes extravagants » comme disent certains ! Les ajummas font partie du folklore et de ces phénomènes incontrôlables ! Ca fait sourire.

Le Japon a quelque chose d’attachant… nos amis Soga et Ikuyo qui nous ont trimballé partout dans la région du Kansai, les gens dans la rue, l’harmonie qui règne, un mélange d’énergie survoltée et de croyances ancestrales… On ne peut pas rester de marbre ! On est loin d’avoir vu et vécu tout ce qu’il y a à vivre au Japon… mais c’était un bon avant-gout !
Il parait que les français peuvent avoir un visa vacances-travail avec le Japon… On y reviendra peut-être, qui sait ?

Avec tout ce tohu-bohu urbain japonais… on avait bien besoin de douceur ! Kobe est une ville portuaire où les ambiances japonaises et européennes se mélangent. Premier port de l’Histoire japonaise à s’ouvrir aux bateaux occidentaux, Kobe est une ville cosmopolite et détendue.
On s’y sent vraiment bien.

Capitale politique, économique et culturelle pendant plus de 1000 ans, Kyoto rayonne, attire, brille, enchante, séduit. De l’architecture des temples à la suractivité des rues marchandes, des japonais ultra-fashion aux japonaises en kimono… on se laisse envouter !

Même si le rayonnement des deux anciennes capitales Nara et Kyoto n’ont pas du tout eu lieu à la même époque, on retrouve un style japonais harmonieux, riche et naturel. On ne compte pas les temples, sanctuaires, monuments bouddhistes et shintoïstes… C’est vraiment immense et magnifique.

Nara a été la première capitale impériale du Japon. Pendant cette courte période, de 710 à 784, l’une des dernières et des seules impératrices monta sur le trône (l’impératrice Shōtoku). Sous l’influence malsaine d’un moine, son règne ne laissa que peu de bonnes choses. Aucune femme ne pourra alors remonter sur le trône pendant plus de 1000 ans !

Il faut savoir que selon les anciennes croyances shintoïstes, la mort signifiait l’impureté la plus grave. A la mort de l’empereur, il fallait donc détruire la ville-capitale pour la reconstruire ailleurs. Ayant su battre ces croyances, Nara s’est affirmée comme la première capitale « fixe » du pays. Malgré les destructions liées à l’Histoire, Nara reste un concentré de temples et monuments d’époque.

Le petit bonus quand on se promène dans le parc de Nara, c’est qu’on peut s’approcher de petits daims (des cerfs sika pour être exact !). C’est à mourir de rire de voir les gens leur donner à manger ou se faire courser dans les rues ou les allées du parc ! A mourir de rire !

Devant le distributeur de tickets de métro, notre amie Ikuyo :
– Je prends les billets… Destination Ashiya, c’est ça…
– Aie, Je n’arrive pas à glisser mon billet pour payer, je ne comprends pas, ça ne marche pas… Peut-être dans l’autre sens ?

Cling, clac, clang, une petite trappe s’ouvre du mur, un homme passe la tête :
– Je peux vous aider ? Y a-t-il un problème avec la machine ?

Whaou, c’est quoi ce délire ? Y a un gars qui sort de la machine pour te filer un coup de main ! Je croyais que tout était automatisé… mais y a toujours des ptits gars derrière les machines ! On peut même imaginer que ce sont eux qui glissent les pièces dans la machine pour nous rendre la monnaie ! C’est le monde à l’envers !
Effectivement, le gars nous a aidés à glisser notre billet dans la machine, souriant, agréable… On avait vraiment l’impression de vivre dans un autre univers !

La culture du Japon est assez proche de celle de la Corée. En quelques jours (nous ne sommes restés que 6 jours au Japon), nous avons ressenti des différences mais elles sont moins faciles à exprimer. Les nuances Japon-Corée sont assez subtiles, elles ne sautent pas aux yeux !
Ce qui est sûr, c’est que le Japon fascine et il mérite tant de fascination avec sa cuisine, ses temples, ses célébrations religieuses ou ses geishas qu’on croise dans les rues !

Pour mettre en appétit, parlons un peu cuisine… Les soupes miso, les nouilles udon, les sushis, makis le tout relevé avec du wasabi et du saké. C’est vraiment un délice… surtout pour les mangeurs de poisson comme nous !

Les temples de Nara (la première capitale japonaise) ou de Kyoto (la seconde…) sont magnifiques. Planté dans un décor préservé, on sent que la nature et l’homme se respectent mutuellement. Les temples n’agressent pas la nature, la nature ne déstabilise pas les constructions de l’homme.

Les traditions évoluent ici aussi. Les mariages dans les temples bouddhistes ou shintoïstes se font plus rares. Pourtant, par hasard, nous avons pu assister à la fin d’une cérémonie. La femme habillée en kimono blanc, le marié en kimono gris. Tous les mouvements sont codés : la façon de marcher, de sourire, de se tenir la main. Incroyable. Ca fait un drôle d’effet de se dire que cette jeune femme porte habituellement des jeans ou des mini-jupes…

Mais le Japon c’est aussi des choses qu’on ne soupçonne pas…

La France est idéalisée ! Toutes les publicités, tous les magasins jouent sur le romantisme, la finesse, le luxe, le goût français ! Quasiment 1 enseigne sur 2 porte un nom français… « c’est la vie », « petit oiseau »… ou des noms presque français : « comme ça du mode », « amour de jolie »… Enfin, vous comprenez !
En tous cas, quand on est français, on a un capital sympathie incroyable ! Les gens se battraient presque pour avoir une photo avec nous !

Un truc surprenant et révélateur d’un des aspects de la culture japonaise : l’histoire des toilettes.
Les japonais (avec les coréens) ont sans doute les toilettes les plus classes du monde avec cuvette chauffante, auto-nettoyante et 5 petits jets différents pour se laver le derrière ! Hallucinant ! Quel confort !

Là où par contre, les japonais deviennent fous c’est à cause du bruit de pipi dans les toilettes ! C’est absolument inconcevable d’être entendue par quelqu’un ! Si bien que pour couvrir leur propre bruit les femmes actionnent chasse d’eau sur chasse d’eau ! Résultat : gaspillage considérable… mais au moins, elles ont réussi leur coup : on ne les entend pas ! Heureusement, les restaurants/hotels/toilettes publiques ont compris le message et diffusent maintenant une douce mélodie de cascade ou de chants d’oiseaux qui couvre d’autres bruits d’eau 😉

Le Japon n’était pas vraiment prévu dans notre voyage. Un ami nous a invités… et il nous était difficile de refuser la découverte d’un dernier pays, une ultime escale. On se souvient encore de ses mots « il faut absolument que vous veniez au Japon ! »… C’est ce qu’on a fait !

On a embarqué sur un bateau de croisière (le moyen de transport le moins cher pour relier la Busan en Corée à Osaka au Japon). On a passé une soirée fou-rire avec les ajummas coréennes déchaînées sur scène pour le karaoké, on a parlé japonais avec le petit vieux, ancien pêcheur, et on a pris le fameux bain.

Je raconte mon expérience avec les femmes japonaises et coréennes puisque les bains ne sont pas mixtes … Déjà qu’il y avait très peu de touristes occidentaux sur le bateau… mais il n’y en avait vraiment aucun dans les bains !
J’étais donc la seule européenne de moins de 30 ans au milieu de 10 femmes asiatiques d’âge mûr… J’étais ce qu’on peut appeler « l’attraction » des bains. Il semblerait que je sois foutue pareille et différente en même temps ! En tout cas, j’ai réussi à ne pas rougir sous les regards insistants 😉 Après les douches communes, direction le sauna, puis le bain glacé et enfin les bains chauds. Un vrai délice pour la peau et le corps !
Si seulement ça pouvait se démocratiser en France…

On est donc arrivés au Japon préparés physiquement et mentalement. Croyez-moi, en une soirée, on était bien préparés !

Après presque 2 mois en Inde, on est assez content de partir… C’est pas simple de voyager par ici ou du moins c’est pas toujours le plus confortable ou agréable ! Je sens qu’on en parlera beaucoup parce que c’est vraiment un univers différent, fascinant. Sans être un coup de cœur, l’Inde est vraiment unique, remarquable, singulière… Tous les extrêmes se rencontrent ici. C’est une expérience qui marque.

L’Inde, c’est aussi…

– la spiritualité dans chaque instant… Hindouisme, Sikhisme, Christianisme, Jainisme, Bouddhisme, Islam
– la chaleur intenable et l’humidité
– les cafards volants qui se cognent dans ton épaule tellement ils ne savent pas se diriger !
– la caricature de l’indien : le grand tout maigre avec son pantalon moule-fesses-pattes d’eph’ qui dégaine son peigne en pleine rue et brosse sa vague et sa moustache ! Il faudrait faire une étude sur le lien très particulier que les indiens entretiennent avec leur cheveux… Y a surement un truc culturel qu’on ne peut pas comprendre 😉

– les « hello my friend, my dear friend » devant tous les magasins !
– le questionnaire classique : « salut, comment tu t’appelles ? D’où tu viens ? Qu’est ce que tu fais dans la vie ? C’est la première fois en Inde ? Est ce que tu aimes l’Inde ? Tu as été où avant ? Tu vas où après ? » … quelque peu déroutant… !
– les étrangers illuminés en recherche de spiritualité
– la musique Windows qui accompagne tous les messages pré-enregistrés qui tournent en boucle… pendant des heures… quand tu attends ton train… parce que ton train est systématiquement en retard…
– les regards insupportables des indiens sur les voyageuses… Très très inconfortable.

– une efficacité et une fréquence de bus incroyables… On n’a jamais attendu un bus plus de 3 minutes ! Y’en a tout le temps pour toutes les directions !
– le fameux dandinement de la tête qui veut dire : oui, non, peut-être, je ne sais pas, bonjour, au revoir, merci, par ici… Autant dire qu’on ne sait jamais vraiment ce que ca veut dire 😉
– une année désastreuse pour le tourisme après la crise, les attentats de Mumbai en novembre 2008, les tensions avec le Pakistan et la crise économique mondiale…
– le pays des castes. Même abolies depuis l’indépendance du pays, les castes restent ancrées culturellement. Ce qui donne des situations intenables pour les indiens des plus basses castes.
– les « hello-school-pen ? » des enfants qui mendient et prennent leur petit regard… il existe une misère bien particulière : il n’est pas question de pauvreté mais de misère. Sans doute liée à la culture et à l’héritage des castes.
– des moments de complicité avec les femmes par les jeux de regards
– des échanges de sourires marrants et touchants des enfants. Ou le père de famille qui pose sur tes genoux la première merveille du monde… son fils. Histoire que tu l’admires, toi aussi !

Regardez les galeries de l’Inde, vous ne serez pas déçu !

La Poste a le même fonctionnement partout dans le monde. Une lettre, un timbre et c’est parti ! Sauf que… sauf que… on est en Inde ! Et il faut savoir que l’Inde rajoute toujours sa touche personnelle, surtout dans ce classique schéma postal !

Situation « normale » pour envoyer un colis : tu réunis les affaires que tu veux envoyer, tu vas à la Poste, tu mets tout dans un carton et tu l’envoies…
Situation « indienne » pour envoyer un colis : tu réunis les affaires que tu veux envoyer, tu vas chez un tailleur, il te prépare un colis en carton-tissu-sur-mesure-scellé-à-la-cire-de-bougie et tu l’envoies…
Vous voyez la différence ?

Effectivement, pour faire un colis, il faut s’adresser à un couturier-tailleur ! Non, ce n’est pas une blague ! C’est lui qui va trouver les cartons usés (cartons de fruits et légumes, de biscuits…) dans le voisinage, puis qui va fermer le tout avec de la toile acheté spécifiquement pour les mesures de ton colis et enfin sceller la toile avec de la cire de bougie rouge ! Une véritable oeuvre d’art !

J’aimerais bien être une petite souris pour voir la tête des postiers français quand ils vont voir ce colis !